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Motardes en folie - Accueil

Le billet d’humeur de Béa

Bea

 

Retour au site. Actualisation du site, comme vous voulez. C’est une nouvelle période à bien des points de vue et pour plusieurs des copains-copines motardes. Une page s’est tourné, sans que l’on sache très bien pourquoi.

D’abord le très beau texte de Val qui s’est fait piquer sa moto d’amour, une SVS, une super belle, jaune, avec laquelle elle se sentait tellement bien mais… il vaut mieux lire son texte. Un comme ça, on aurait tous envie de l’écrire.

Il y a eu le Varaday, tellement attendu ! Cécile s’en faisait une fête terrible, elle avait tout prévu, préparé, elle avait même dû passer chez Dafy pour s’acheter un ultime gadget pour la moto, ou le casque, ou je sais pas quoi. Et ce qui aurait pu être un nouvel élan, un début d’autre chose (tout le monde commençait à passer au gros cube) fut en fait la fin de la fréquentation du forum Vara pour Cécile. Une difficile séparation, une énorme déception.

Question d’éthique : pour nous la bécane, c’est le plaisir, mais un plaisir qui ne se conçoit que dans la contrainte des limitations (approximatives il est vrai) de vitesse et le respect des règles élémentaires du code de la route. OK, c’est très chiant de rouler à 90km/h en ligne droite, nous nous autorisons 100, voire 110. C’est pas bien, c’est déjà trop. Sur la route, il faut penser non pas à ce qu’on peut faire soi mais à la réaction des autres conducteurs. Quand tout le monde roule à 90 environ, c’est facile d’apprécier le temps qu’il faudra pour un dépassement, pour changer de direction etc… Si on n’est pas dans le flux, on perturbe le jeu, aux risques et périls de tout le monde.

C’est pourquoi il est hors de question, comme nous l’avons vu déjà trop souvent, de faire du 150 en ligne droite sur les nationales pour piler au premier virage, le passer à 40 avec un moteur qui broute et faire chier tout le monde. Ou entrer dans les villes à 70 ou 80 km/h, parce que 50 à l’heure, c’est pas pour nous. Ou encore, passer de la 125cm3 à une très rapide directe et au bout d’un mois, emmener un copain avec soi et monter à 200km/h pour lui montrer comme elle roule bien la bécane !

Si rouler vite c’est montrer qu’on en a, nous sommes décidément ravies de ne pas en avoir. Je sais que certaines filles aussi roulent connement, et trop vite et trop mal, dommage pour elles. Tous ceux-là ne nous intéressent pas.

Certains jours, rouler n’est que le pur plaisir d’être assise sur la bécane, sentir que le moteur tourne bien, que les virages s’enchaînent, tout doux, dans une vraie souplesse, on monte pas à l’arrachée dans les tours, des fois même on n’a pas dépassé le 70-80 et putain, c’qu’on est bien !!!!!!

Certains jours, on se sent comme sur un nuage, plein de tranquille assurance : alors moi, ces jours là, je regarde mon compteur toutes les 20 secondes, parce que si un écureuil traverse, parce que si papy sort d’un chemin sans regarder, comme il le fait neuf fois sur dix, je sais qu’à 130 km/h il me faudra beaucoup plus de chance et de métier que j’en ai, parce que les jumelles vous choppent de loin, parce que j’aime Cécile et que je veux vieillir avec elle et rouler sur plein de motos. Parce qu’un anniversaire ou un mariage de motards c’est super top mais qu’un enterrement de motard c’est trop con. Et les copains pourront toujours chanter « putain d’camion », ta carcasse, elle est fragile, elle fait pas le poids. Parce qu’il y a déjà suffisamment de gens dangereux sur la route sans qu’il faille se mettre soi-même en danger.

Et puis parce qu’il n’y a pas que la moto dans la vie. Les motards sont sympas, ouais, probablement, mais le pourcentage de fachos doit y être le même que partout. Motard, oui, aussi, mais, votant, pensant. Et c’est encore un terrain assez jalousement gardé par les garçons. OK, ils aiment les filles motardes : si elles roulent fort, si elles n’ont pas froid aux yeux (c-à-d imprudentes) et si elles restent en taille mannequin, un peu comme les filles qui posent pour les pub Ducati.

Ce qu’ils ne savent pas, ou ne veulent pas savoir, c’est qu’il y a plein de filles motardes qui n’ont rien à prouver à personne. Le monde motard s’ouvre et se diversifie de plus en plus. C’est bien, c’est très bien, mais du coup, je ne me sens pas de dire : les motards sont sympas. On se fait coucou, d’accord, si on en voit un en galère avec sa bécane, on s’arrête, d’accord, mais rien ne m’obligera à croire que ce n’est pas un abruti capable de conduire après deux apéro, qu’il n’est pas homophobe, et un peu raciste sur les bords… Ce qu’on pourrait appeler le français moyen, pas le fond du panier non plus mais pas le gratin : toi, moi, n’importe qui.

Alors, un jour, Cécile, qui croyait avoir trouvé une famille chez les motards, a été super déçue, déçue à en pleurer, parce que les copains du forum moto où elle postait tout le temps étaient devenus pour elle des vrais copains. Mais sur les forums moto, comme sur les forums tricot, la règle est de ne pas parler de choses qui peuvent fâcher. On cause moto point final. On est correct, jusqu’au jour où on se voit en vrai. Alors correct, ça veut dire quoi ? Boire et fumer jusqu’à 4 heures du mat et prétendre reprendre la moto le lendemain ? Imposer aux autres son humour graveleux et insultant ? Motard, oui, mais à la base, des gens, avec leur vie, leur histoire, leur vision du monde, et celle-là ne me convient pas forcément, et n’a pas vraiment convenu à Cécile.

Heureusement, il reste la moto, et les virées qu’on se fait toutes les deux, et des fois avec les copains aussi et encore, puisqu’il reste des gens qui partagent notre vision de la moto et notre amour de la moto, peut-être parce qu’ils partagent aussi et surtout une certaine façon de voir la vie. Pour ceux-là, même si ça ne se voit pas, en plus du signe de la main, on sourit sous notre casque, et ça fait toujours plaisir de rouler et d’apprendre avec eux.

Alors grand V, mais n’oubliez pas que la route est à tous, et pas seulement aux motards.

 

CB-GPZ


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